Sécheresse : 48 départements en restriction d'eau, 18 en crise
Le 7 juillet 2025, quarante-huit départements sont dans une situation de restrictions des usages de l’eau et dix-huit départements d’ores et déjà en crise. Pour les agriculteurs concernés, l’irrigation peut être interdite ou conditionnée à certaines adaptations. L’abreuvement des animaux est également concerné.
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Les arrêtés préfectoraux se multiplient ces derniers jours afin de restreindre l’utilisation de l’eau sur des territoires ou des communes touchés par la sécheresse. Dix-huit départements (1) sont concernés localement par un état de « crise » assorti des mesures les plus restrictives en matière d’usage de l’eau. Quarante-huit départements au total sont concernés par des mesures de restrictions (2) comme l’indique le site gouvernemental VigiEau.
« Il va falloir apprendre à vivre avec »
« C’est l’impact du dérèglement climatique », a martèlé la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, lors d’un déplacement le 7 juillet 2025 au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans le Loiret. « Il va falloir apprendre à vivre avec en suivant collectivement les mesures de précaution », prévient-elle.
Chaleur, sécheresse et incendies : l’été 2025 est marqué par le dérèglement climatique.
— Agnès Pannier-Runacher 🇫🇷🇪🇺 (@AgnesRunacher) July 7, 2025
Le niveau de 87% de nos nappes phréatiques diminue, et 18 départements sont déjà en situation de crise hydrique.
Dans cette situation, chaque goutte d’eau économisée compte :… pic.twitter.com/rOIHpqRqqA
Les restrictions peuvent concerner, selon les arrêtés préfectoraux, l’utilisation de l’eau du robinet, les prélèvements directs dans les rivières et les cours d’eau, ou ceux dans les nappes via des puits ou des forages (3). Le niveau de crise est déclenché afin de préserver au maximum la ressource jusqu’à la fin de l’été pour des usages essentiels tels que l’eau potable, l’abreuvement ou la sécurité. Dans ce cas, les prélèvements en eau pour l’agriculture sont interdits, totalement ou partiellement.
Situation contrastée en France
Selon les données du BRGM, le niveau de 87 % des nappes est en baisse. 39 % des niveaux sont en dessous des normales. « Les dernières précipitations ont été de surface et ne rechargent pas notre capital en eau », souligne la ministre. Pour autant, « les nappes ne sont pas dans un état très dégradé par rapport à 2022 et 2023 ».
La situation est contrastée sur le territoire national. La situation est favorable pour le Bassin parisien et l’Est lyonnais. À l’inverse, « d’autres régions sont déjà à des niveaux bas, voire très bas », comme les Pyrénées-Orientales qui sont dans une situation très préoccupante depuis déjà plusieurs années.
Il y a aussi des régions « intermédiaires » qui nécessitent une vigilance. La situation est actuellement « dégradée » sur les nappes réactives du Nord-Est, du Jura, du Massif central et du massif armoricain. Elle est plus satisfaisante sur le Sud bien qu’elle se dégrade également.
La question du partage de la ressource est posée
Dans les bassins les plus sensibles se pose la question du partage de la ressource en eau entre les différents usages. Et l’irrigation pour les cultures est à ce titre régulièrement source de conflit. À la fin de juin 2025, des agriculteurs de la Vienne ont manifesté leur désaccord à un texte visant à planifier la gestion de la ressource en eau.
« Je comprends leur inquiétude », a déclaré la ministre de la Transition écologique lors d’un échange avec la presse ce 7 juillet au matin. L’étude HMUC (Hydrologie, milieux, usages, climat) prévoit notamment une baisse des volumes d’irrigation autorisée. S’il faut bien sûr prendre en compte les conséquences socio-économiques de telles baisses de prélèvement, Agnès Pannier-Runacher a aussi argué pour une agriculture moins gourmande en eau.
« Ce n’est pas l’étude HMUC qui a décrété qu’il y a moins d’eau à l’avenir, c’est le dérèglement climatique et nous devons l’anticiper, assure-t-elle. Chacun fait un effort, les industriels, les particuliers, le secteur énergétique. Nous devons accompagner les agriculteurs pour avoir un prélèvement d’eau, je dirais, égal. » Avec les émissions de gaz à effet de serre, la sobriété en eau est au cœur du plan national d’adaptation au changement climatique présenté en mars dernier par la ministre de la Transition écologique.
Risque de feux très élevé
À noter enfin que le manque d’eau, associé à la canicule, augmente les risques de feux forêts. Plusieurs feux se sont déclarés dans le sud de la France depuis le samedi 5 juillet 2025. Trois départements ont basculé en vigilance rouge incendie aujourd’hui. Et encore trois départements — Bouches-du-Rhône, Vaucluse et Var — seront en niveau de risque très élevé mardi 8 juillet 2025.
(1) Ardennes, Aude, Charente, Dordogne, Gers, Gironde, Indre, Indre-et-Loire, Loire-Atlantique, Loiret, Lot, Maine-et-Loire, Vendée, Vienne, Pyrénées-Atlantiques, Pyrénées-Orientales, Tarn, Tarn-et-Garonne. (2) Départements en niveau « alerte » ou « alerte renforcée ». (3) Se référer à l’arrêté préfectoral de son département.
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